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La soirée avait bien commencé pour la petite brune. Doux crépuscule caressant la peau de ses joues, Skylar avait resserré sa veste, serrant ses bras contre elle ; La Wheeler et le froid ne s’étaient jamais appréciés. Des bruits, des rumeurs étaient parvenues à ses oreilles. Une sordide histoire d’agression, une de celles qui ne méritaient plus notre attention, nous habitants de Whae Wacky. La routine. Pourtant, Skylar en avait relevé les détails, les petits éléments qui changeaient tout : traces dans le coup, les veines vidées. Une basique histoire de suceur de sang comme tout le monde avait pu en voir à la télévision, dans les livres, lors de spectacle. Le vampire, créature surnaturelle élevée au rang de Commun, de fantasme pour certains. Cela faisait toujours aussi bizarre à la jeune fille que de telles créatures puissent fouler la terre impunément, sans se cacher, ou presque.

Alors, ce soir là, elle était partie en chasse. Pieu de bois dans la poche intérieur de son blouson, elle pouvait en sentir la pointe au travers de sa doublure ; si elle se cassait la figure, elle risquait l’empalement à coup sûr. D’autres objets clichés habitaient ses poches : fioles d’eau bénite, petite croix… Elle avait même mangé du pain à l’ail, parce qu’on ne savait jamais. Entourant son corps de ses membres elle avait ainsi parcouru les rues, à la recherche d’un "grand blond en manteau de cuir" ; Rien que d’y penser, Sky affichait un sourire moqueur. Le cliché dans sa splendeur, cela en devenait presque risible. Et puis, elle avait aperçu l’agresseur, l’adorateur du carmin, ses doigts caressant le velouté d’une mâchoire juvénile. Une jeune fille naïve, prête à se jeter dans ses bras.

Sans même réfléchir, Skylar lui avait balancé sa fiole en pleine figure, prenant son audace pour du courage et son instinct pour de l’intelligence. La chance du débutant, sûrement, lui assura une réaction immédiate, une peau rougie et brûlante. La fille poussa un cris strident, noyant Skylar sous les injures. Pauvre conne, folle à lier. Mais, à cet instant, Skylar ne correspondait absolument pas aux quolibets qui lui étaient destinés. Elle venait de sauver une innocente, et cela lui donnait des ailes. « Ne me remercies pas. »

L’homme à la peau de porcelaine passait déjà le coin de la rue ; Skylar prit ses jambes à son coup, comptant bien finir le travail. Elle l’avait ainsi poursuivi dans les rues, forçant sur ses petites jambes sans jamais réussir à le rattraper. Un jeu du chat et de la souris qu’elle se savait destinée à perdre. Le buveur de sang l’avait conduite jusqu’au cimetière, endroit lugubre pour une sombre affaire. Skylar avait fait la grimace (« Fait chier, putain ») avant de crocheter une aspérité du mur d’enceinte pour tracter son petit corps.

À présent, elle déambule dans les allées du cimetière à peine éclairées par les lampadaires extérieurs, crachant sa colère. Le fumier l’a semée, et elle déteste plus que tout perdre son temps. L’adrénaline retombe et son corps frissonne, se refroidissant au contact de la nuit. Encore des heures gâchées dans les ténèbres… La jeune fille baille, tentant d’expulser le sommeil de son corps ; En vain. Seule cette colère pulsant dans ses veines la maintient éveillée et alerte. Elle shoot dans un morceau de terre égaré, le projetant sur une tombe abandonnée. Froncement de sourcils embêté.

Alors qu’un nouveau bâillement vient étirer son visage, la petite brune s’arrête net, aux aguets. Elle est sûre d’avoir entendu quelque chose. Alors que tu approches de son allée, Skylar entend alors tes pas distinctement. Elle doit absolument se cacher, se tenir prête. Elle cherche autour d’elle, la panique dardant ses rayons dans sa poitrine, avant de se jeter derrière un cadeau particulièrement volumineux. Elle tente de calmer sa respiration, se concentrant sur ces pas approchant.

Elle ne sait pas que c’est toi qui approche. Elle espère même que c’est l’autre, sa proie, qui revient sur ses pas pour se vautrer dans ses bras. Elle espère que ce sera facile, rapide, pour qu’elle puisse retrouver ses draps.
Quand l’écho des pieds sur le sol atteint son maximum, elle se décolle de la paroi de pierre et barre la passage de l’inconnu, la main sur son pieu, sur son bâton défensif. Lorsqu’elle t’aperçoit, elle ne peut retenir une expression de surprise, très vite remplacée par une panique évidente. Bras dans le dos, elle cache très vite cet objet bizarre appartenant maintenant à la pop culture ; Même toi tu sais reconnaître un pieu, ça elle en est sûre. Tu sembles jeune, et Skylar ne pense pas un seul instant que tu puisses être le gardien de cet endroit ; elle connaît la vieille dame aigrie qui referme les grilles le soir et tu ne lui ressembles en rien.

« Heu… » Voilà le seul son qu’elle t’adresse, beaucoup trop désarçonnée pour sortie une association de mots faisant sens.

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Tu t’adresses à elle sur un ton autoritaire dans une langue qu’elle ne connaît pas, la faisant ouvrir les yeux encore plus grand. A cet instant, elle se demande vraiment qui tu es, grand dadet au visage juvénile parlant le… russe ? Elle n’en est pas sûre, mais il lui semble reconnaître l’accent froid du nord. Finalement, tu rectifies la langue et lui adresses des mots qui font sens à ses oreilles. « Qui êtes-vous ? Et que faîtes-vous ici ? » Tu lui sembles poli, pour ton âge, rendant la situation encore plus incongru. Vous devez avoir le même nombre d’années au compteur à quelques chiffres près et pourtant tu t’adresses à elle comme un adulte. Elle se dit alors qu’elle va avoir des ennuis ; malgré ton jeune âge tu ne sembles pas rire du tout, ne t’en déplaises.

La colère laisse place à la surprise et Skylar ne bouge pas, ne sachant quoi faire. Elle avale sa salive et esquisse une réponse hésitante. « J’habite pas loin, j’ai cru voir… » Une excuse bidouillée, une vieille histoire de lumière inconnue, une voisine voulant vérifier que tout va bien. Une histoire bancale qu’elle n’a même pas le temps de te servir. Tes yeux clairs se détournent d’elle, et déjà tu sembles sentir quelque chose, quelque chose qu’elle ne sent pas, qu’elle ne perçoit pas. Elle te regarde, inquiète. « Tout va bien ? Qu’est-ce qu’il y a ? »

Tu ne lui réponds pas directement mais ta prises sur ton arme fait l’affaire. Compte-tu l’attaquer ? Skylar se demande l’espace d’un instant si elle n’est pas tombée sur un fou furieux aimant les cimetière la nuit, tout est possible à Whae Wacky. Un fou serait-il pire qu’une créature surnaturelle ? Telle est la question. Elle resserre sa prise sur son pieu toujours dissimulé dans son dos et la nervosité la reprend. Vraiment, tu agis bizarrement et cela la met mal à l’aise. Finalement, tu lui réponds, pressé. « Il y a quelque chose qui arrive. Cours ! » Skylar te regarde, les yeux écarquillés. « Comment tu sais que… » Elle n’a toujours pas le temps de finir sa phrase, de dérouler ses pensées, que tu lui tournes le dos, prenant clairement pour acquis le semblant d’ordre que tu lui as balancé. Skylar fronce les sourcils. Pour qui la prends-tu ? Une frêle jeune fille égarée entre les stèles de marbre par erreur ? Au loin, des bruits de pas se se font entendre.

Sky ne réfléchit pas plus que cela et elle se place à tes côtés. « Si tu crois que je vais me barrer comme ça. » Un tutoiement instinctif qui s’incruste sur la langue lorsque l’action se fait sentir. Se sa main libre, elle tire un couteau coincé dans sa ceinture, près de son dos. Il est petit mais sa lame est aiguisée, Skylar est prête.

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Tout alla un peu vite pour Skylar à partir du moment où l'homme qu'elle traquait se révéla au grand jour. De toutes évidences, c'était finalement lui qui l'avait retrouvée et elle n'avait plus qu'à se défendre, en espérant que tu ne te fasses pas blesser. Pourtant toi et le suceur de sang vous retrouvez rapidement à terre, à vous rouler, à tenter de reprendre le dessus. L'homme au teint de porcelaine s'était jeté sur toi, profitant d'une seconde d'hésitation, sans doute. Vous vous donnez des coups, tentez d'éviter, mais rien ne semble marcher. Et puis, tu te penches sur le mort vivant, ouvres la bouche et alors quelque chose d'étrange se produit. Au départ, Skylar ne comprend pas tout alors qu'elle tente de trouver une ouverture pour porter un coup, pour vous séparer. Et puis, elle t'aperçoit, elle aperçoit la fumée étrange et tout change dans sa tête. Peut-être qu'elle n'a pas à faire à une créature surnaturelle mais à deux et alors tout se réagence. Elle ne peut te faire confiance et lorsque l'homme au teint blafard t'assène un sale coup de tête, elle s'écarte de toi. L'autre déguerpit, et elle ne veut pas le laisser filer. Elle tente de lui faire un croche pied, râte, et se lance donc une fois de plus à sa poursuite, sans un regard en arrière, sans un regard vers toi. Plus tout à fait humain, tu n'es plus tout à fait son allier, mais un ennemie potentiel.

C'est chacun pour soit, dorénavant.

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Tout va trop vite pour Sky. Alors qu’elle pense te laisser derrière et qu’elle s’élance à la poursuite de votre assaillant, celui-ci la distance tout de même rapidement. Alors qu’elle maudit ses petites jambes et son manque d’exercice, elle te voit sortir d’un raccourcit, d’on ne sait où. Elle fronce les sourcils, tentant d’accélérer encore sa cadence, sans grand succès. Tu saute sur l’homme à la peau de porcelaine, l’envoyant valser dans la grille, avant de lui assener un coup de couteau à l’arcade. pourtant, l’autre réagit bien plus vite que toi, démontrant ses très sûrement nombreuses années d’expérience. D’un coup porté à ta tête il te met à terre sans demander sans rester. Le baiser aérien que Skylar reçoit la dégoûte ; elle arrive à ton niveau et stoppe sa course, presque malgré elle.

L’autre est loin, de toutes manières. Elle ne s’approche pas de toi mais son regard se pose sur ta peau, sur ton visage. Qui es-tu ? Un humain ? Le gardien de ce cimetière comme elle le pensait ou bien une immonde créature qui s’apprêtait à lui faire du mal. Le doute s’installe dans son esprit, habite ses entrailles. Pourtant, elle ne bouge pas, un petit « Et si… » résonnant à ses oreilles. Et si… Elle ne se le pardonnerait pas. Alors, elle s’assoit sur une stèle et elle attend. Elle sait d’ici que tu finiras par te réveiller alors elle ne prend aucun risque, elle veut juste vérifier.

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Un moment passe, puis tu ouvres les yeux. Skylar t’observe te redresser, reprendre tes esprits. Elle ne sait pas trop si tu te rends compte de sa présence ; à vrai dire elle ne te laisses pas souffler. Elle veut savoir : ami ou ennemie ?

« T’es quoi, au juste ? »

Son ton de fait froid, un brin menaçant alors que son couteau épouse parfaitement sa paume. Elle ne compte pas t’attaquer, elle veut juste savoir : savoir ce que tu es, ce que tu comptais faire. Alors, elle décidera de si tu es une menace ou non.

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Tu te relèves doucement après avoir examiné les dégâts occasionnés à ton crane du bout des doigts. Skylar peut voir ta bosse d’ici, mais tu survivras. Alors que tu te relèves, Skylar se raidit, caressant son arme de la pulpe de son pouce. Elle sait qu’elle doit rester sur ses gardes. Alors que tu époussettes tes vêtements, tu t’adresses à elle, sans même la regarder. « Je te retourne la question, qui es-tu et que faisais-tu dans ce cimetière en pleine nuit ? Moi je suis le gardien de cet endroit, principalement de nuit. Et pour une première nuit, c’était disons mouvementé. »

Skylar garde le silence sans te quitter des yeux. Elle cherche quoi te répondre ; finalemen tu es bien le gardien du cimetière, comme elle l’a craint en te rencontrant. Mais, tu n’es pas seulement ça, et à présent Skylar le sait bien. Elle te regarde ramasser ton arme et la ranger. Mais Skylar t’a bien vu, elle sait que ta réelle arme n’est pas un couteau. Elle te répond finalement.

« Je t’ai vu, tu sais. Tout à l’heure. » Tu sais très bien de quoi elle parle, tu ne peux l’ignorer. Elle te fixe intensément, analysant chacun de tes mouvements, chacune de tes mimiques. Elle ne sait comment interpréter le fait que tu fasses diversion. Skylar sait que certaines créatures ne sont pas mauvaises, qu’elles essayent juste de s’intégrer dans ce monde trop étriqué pour elle. Elle t’a vu agresser un vampire alors que tu aurais pu l’agresser elle… Mais tout son corps lui dit de ne pas t’accorder sa confiance trop rapidement. « Et essayes pas de m’entourlouper. » Des paroles sûrement inutiles, mais qu’elle prononce quand même. Pour se dédouaner, pour te prévenir, pour poser les cartes sur table.

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Cette soirée tourne bizarrement, pour Skylar. Elle pensait simplement attrapé ce suceur de sang morbide et à la place elle tombe sur toi, créature inconnue au bataillon qu’elle n’arrive pas à classifier. Le silence s’étend parmi les morts et elle a beau t’observer, elle ne sait toujours pas quoi en penser. Tu sembles peu enclin à t’ouvrir, à expliquer, et cela l’agace. Elle se doute que tu n’as pas envie de parler, mais ta façon de te conduire, de t’adresser à elle l’énerve. Tu finis finalement par lâcher, dans un souffle : « Qu’est-ce que ça changerait, pour toi, si je te dis qui je suis, ou ce que je suis ? » Skylar lève les yeux au ciel.

Elle a l’impression d’être dans une espèce de film à l’eau de rose où aucun des protagonistes ne veut révéler ses sentiments. Sauf qu’ici, il n’est en aucun cas question de sentiments, mais de risques, de danger, d’attaques mortelles. Tu continues de le fixer alors qu’il embraye : « Mais bon, comme tu attends quand même une réponse, je dirais tout simplement que je suis un être à la recherche de quelque chose, comme beaucoup d’entre nous, en somme. »

Elle te regarde, incrédule. Tu comptes lui sortir des belles phrases pendant longtemps, comme ça ? Elle lève les yeux au ciel, excédée, et descend de sa stèle. Sa montre indique une heure tardive, elle est fatiguée et elle en a marre. « Tu sais quoi ? Laisses tomber. En ce moment, tout ce que je recherche, c’est mon lit. » Elle range son arme en te lançant un regard appuyé, presque moqueur. Tu l’avais gavée. « A une prochaine fois. Va pas bouffer un mec gentil ! »

Rien ne lui disait que tu n’allais pas agresser quelqu’un, après tout elle ne savait toujours pas quel genre de personne tu étais. Mais pour ce soir, elle avait eu son compte de bête affreuse. Si tu ne voulais pas expliquer, très bien. Elle irait se renseigner elle-même. Elle s’éloigne sans même te regarder, que chacun retourne à sa vie.

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C’est sûrement le départ le plus bizarre qu’ait connu Skylar jusqu’ici. Alors qu’elle pensait avoir mis un point final à votre rencontre, tu la poursuis et poses même ta main sur son épaule. Réflexe immédiat, elle s’écarte, se dégage de ta poigne alors que sa main se tient prête à se saisir d’une arme. Ce n’est pas parce qu’elle a décidé de te laisser tranquille que cela veut dire qu’elle t’accorde sa confiance. Tu t’exprimes clairement, comme empressé de te justifier. « Attends, je voulais pas te faire peur. Mais si tu veux partir autant que je t’ouvre la grille, ça t’évitera de l’escalade. » Tu n’attend même pas sa réponse que déjà tu fouilles dans tes poches, sûrement à la recherche des clés. Skylar ne répond rien mais elle te suit. Elle n’était plus à un mur escaladé près, mais il fallait avouer que c’était toujours plus agréable de sortir par la grande porte. Elle n’est pas sûre de comprendre pourquoi tu l’aides, ce n’est pas comme si elle avait été aimable.

Pourtant, tu déverrouilles les lourdes portes de fer que tu tires vers toi, lui dégageant un passage. Skylar s’y faufile et lâche un léger « merci ». Elle ne te fait pas confiance, mais c’était sympa de ta part. Elle retrouve alors les rues désertes de cette nuit noire. Chacun doit dormir tranquillement dans son lit, à l’heure qu’il est, et elle est plutôt pressée d’en faire de même. Elle s’éloigne de quelques pas et déjà elle sent une prise sur son bras. Elle sait que c’est toi, elle s’en doute. Alors elle se retourne et se dégage d’un mouvement du bras, te regardant, clairement agacée. « Quoi, encore ? » La gentillesse n’avait jamais été le fort de Skylar et encore moins vis à vis d’un démon à la typologie inconnue qui l’empêchait de rentrer tranquillement chez elle. Elle te fixe et tu t’exprimes alors, tranquillement. « Une dernière chose avant que je te laisse tranquille. Est-ce que le nom de wheeler te dit quelque chose ? » Elle te fixe bizarrement, se demandant comment son nom avait bien pu atterrir dans ta bouche. Elle prend quelques secondes de réflexions et décide finalement de mentir. « Ouais, une fille dans ma classe s’appelle comme ça. Pourquoi ? »

Elle remet une mèche de cheveux derrière son oreille, impassible. Sky n’a jamais été une mauvaise menteuse, bien au contraire, lorsqu’aucun scrupule ne vient la chatouiller. Elle te fixe, attendant ta réponse, sans ciller, sans montrer la moindre faille. Que lui veux-tu ?

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Skylar se sent prise au dépourvu, elle hésite, elle ne sait pas. Elle ne voit pas ton début de sourire s’étirer dans le noir. La rue est peu éclairée et un léger filet de vent rafraichit les épidermes. Skylar te toise, essaye de te déchiffrer mais tu es sûrement aussi imperméable qu’elle. Pourtant, elle aimerait savoir… Que lui veux-tu ? Pourquoi la cherches-tu ? Qui es-tu ? Que se passe-t-il ? Une tonne de questions se bousculent dans sa tête, tentent de trouver leur sens, leur cible. Elle te fixe un moment dans la nuit, aucune preuve de la tempête qui agite son esprit sur son visage. Toi même tu laisses un petit silence s’installer avant de t’avancer vers elle « Si tu la croises un de ces quatre, tu pourrais lui donner ça. » Tu lui tends une carte qu’elle lit immédiatement. À défaut de connaître ta nature précise, elle connaît au moins ton nom et tes coordonnées. Shawn Magnusum, c’est un début. « Dis lui que je dois la rencontrer pour lui parler de sa famille. » Au mot famille, Skylar relève vivement la tête en fronçant les sourcils. Tu lui veux quoi à sa famille ? Consciente d’avoir été l’espace d’un instant transparent, elle recompose son masque comme elle peut. Elle hésite à te rentrer dedans, à te demander ce que tu veux.

Sa première pensée est pour sa grand-mère, sa Granny. En tant que sorcière qui a souvent mis des bâtons dans les roues des personnes mal intentionnées, Skylar sait qu’elle ne s’est pas fait que des amis. Elle se demande ce que tu peux bien lui vouloir, si tu as une révélation quelconque. Elle ne pense pas une seule seconde à son père, à ce géniteur qui n’est plus qu’une ombre. Elle te toise une dernière seconde alors qu’elle décide de persister dans son mensonge, dans sa mascarade. Elle pourrait toujours changer d’avis plus tard maintenant qu’elle sait où te trouver, comment te contacter. Rien ne presse et Skylar a besoin de réfléchir, de se poser les bonnes questions, de consulter sa grand-mère. « Si je la vois, je lui donnerai. »

Elle te fait un léger signe et se retourne, disparaissant dans l’ombre de la rue.